Leo Koenigsberger: Hermann von Helmholtz
Helmholtz als Professor der Physiologie in Heidelberg
von Michaelis 1858 bis Ostern 1871.
Brief von Eugenio Beltrami
an Hermann von Helmholtz
vom 24. April 1869
„C'est après beaucoup d'hésitations que je me
suis décidé à prendre la plume pour
vous adresser ces lignes, car il m'a toujours semblé que
si l'on craint beaucoup, en général,
d'importuner les grands de ce monde pour des choses de peu
d'importance, à plus forte raison on devrait se garder
d'occuper même une faible portion du temps dont les
princes de l'esprit se servent si généreusement
pour les progrès de l'humanité. Cependant,
ayant beaucoup plus d'exemples de la bienveillance de ces
derniers que de la condescendance de ceux-là, j'ai fini
par céder à mon vif désir de vous
communiquer mes réflexions . . . Autant qu'il m'est
donné de pénétrer dans le
véritable sens de vos belles recherches, je n'y rencontre
aucune conclusion que je ne puisse vérifier par les
points de vue, qui me sont particuliers, et que j'ai
exposés, en partie, dans les deux publications
intitulées: Saggio di interpretazione della geometria
non euclidea et Theoria fundamentale degli spazii di curvatura
costante, que j'ai eu l'honneur de vous adresser, il y a quelque
temps.
(Seite 154)
II n'y a qu'un point sur le quel j'ai à vous demander
des lumières. Ce point .... Cette conclusion est
confirmée, sans démonstration proprement
dite, vers la fin (§. 4) de la note de Goettingue,
où, cependant, elle est rapportée à un
espace de trois dimensions. Or, cela paraîtrait en
contradiction avec le fait, que j'ai démontré,
ou que j'ai cru de démontrer, au sujet de la surface
pseudosphérique (c'est à dire à mesure
de courbure constante, mais négative), je veux dire le
fait de l'étendue infiniment grande de cette surface en
tous sens. Et ce qui me porterait à croire à la
vérité de ce fait, c'est que toutes les autres
propriétés de cette surface, déduites
d'après le même ordre de considérations
et de formules, ont été
vérifiées par moi sur un cercle
pseudosphérique du diamètre de 1,04 m que
j'ai construit d'après un procédé
approximatif, dont je publierai la description, et qui me
semble très approprié à populariser
les nouvelles conceptions sur la géométrie
abstraite. Maintenant, voici la seule manière que j'ai
entrevue, jusqu'à présent, pour mettre d'accord
ces deux conclusions opposées. L'ensemble de mes
déductions repose sur la représentation des
surfaces par la formule de
Gauss
ds2 = Edu2 + 2Fdudv +
Gdv2. Or, dans cette méthode les
rapports de la surface et de l'espace environnant
échappent entièrement: la surface est
considérée en elle même, telle qu'elle le
serait par un être, qui n'eût pas le sens de la
troisième dimension. II s'ensuit que, si la surface, telle
qu'elle existe dans l'espace, se coupe
elle-même le long de certaines lignes, cela est comme
non-avenu d'après la formule
précédente: la coincidence de deux points de la
surface en un même point de l'espace est, en d'autres
termes, un fait étranger,
hétérogène à ceux que la
formule de Gauss, à elle seule, peut nous
apprendre. C'est précisément ici que l'on
rencontre un des points d'attache entre l'oeuvre de
Gauss et celle de
Riemann; et, si je
ne suis
tout-à-fait dans l'erreur, c'est encore par le
développement de cet ordre d'idées que l'on
pourra
(Seite 155)
comprendre, comment Gauss, sans quitter ce
champ favori, pouvait pénétrer dans la
géométrie de
Bolyai et de
Lobatchewsky;
car en effet, sa
géométrie des surfaces, tant qu'elle ne puise
rien dans la géométrie analytique
ordinaire, est indépendante du postulat XI. Mais
revenons à la question.
Quand on cherche à passer de l'expression
différentielle de l'élément
linéaire à l'équation ordinaire de la
surface, les exigences et les accidents des figures de deux
dimensions, considérées dans l'espace de
trois, reparaissent. Ce passage, c'est à dire
l'intégration des surfaces à courbure
négative constante (pour le cas de la courbure
positive c'est la même chose), n'a pas encore
été faite que dans des cas très
particuliers, que je sache. On ne connaît, parmi les
formes infinies (dont mon petit modèle me donne
l'agréable spectacle), que la surface
pseudosphérique peut prendre, que des surfaces de
rotation et des hélicoïdes. Or ces formes
spécielles ont un caractère commun, c'est de
ne pouvoir servir au développement de la surface
entière; il faut, pour les produire, couper la surface
suivant une ou deux lignes. Elles ne peuvent donc
même en supposant, pour les surfaces de rotation, que
la surface absolue y soit enroulée un nombre infini de
fois sur elle-même, reproduire l'infinité en tous
sens de la surface absolue.
Je suis donc obligé de supposer que vous ayez la
preuve, ou du moins la très-forte
présomption, que quelque forme
concrète que l'on puisse donner
à la surface
pseudosphérique, toujours celle-ci doive être
coupée, pour pouvoir les prendre, soit pour
empêcher le déchirement des parties, qui
dépassent certaines limites (comme pour les surfaces
spécielles citées), soit pour empêcher
la rencontre de deux nappes différentes. Si l'on fait
abstraction de ces
difficultés, qu'on pourrait appeler d'ordre pratique, il
me semble, que la surface, logiquement
considérée, soit infinie, à la
même manière du plan. Je croirais la
même chose pour
(Seite 156)
les espaces de courbure constante
négative, sous les mêmes restrictions.
J'ai tenu à vous montrer que l'opposition, qui existe
parmi vos résultats et les miens, ne m'a
donné que le désir de connaître les
considérations à l'aide desquelles le votre
pouvait être établi. C'est le moindre des
devoirs, qu'un élève a à remplir vis
à vis d'un maître.“
S. 153 - 156 aus:
Koenigsberger, Leo: Hermann von Helmholtz. - Braunschweig : Vieweg
Band 2. - 1903
Letzte Änderung: 24.05.2014 Gabriele Dörflinger
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